Télérama

En 2015, Mette Henriette faisait une entrée très crâne sur la scène jazz internationale en publiant chez ECM un premier album qui était double. Jamais encore le label de Manfred Eicher n’avait permis à une nouvelle venue d’enregistrer sous ce format. Mais la musicienne de 25 ans n’avait pas froid aux yeux. Elle collaborait déjà avec Marina Abramović, « grand-mère du body art » adepte des performances extrêmes qui assurait : « Mette Henriette est différente. » Sept ans ont passé, le visage de la saxophoniste norvégienne est resté juvénile et mutin, son désir d’expérimenter, aussi ferme que naguère. Le changement se trouve dans les moyens. Au lieu de s’en remettre à un orchestre opulent, Henriette opte cette fois pour le format poche (sax, piano et violoncelle) et la brièveté. Les quinze pièces retenues s’apparentent parfois à des esquisses, parfois à des suspensions ou des ressassements. Toutes dégagent une force harmonieuse et énigmatique, impressionnante comme le haut vol d’un bel oiseau. Drifting se lit ainsi comme un poème à ciel ouvert, poème de la nature plein de souffle et de sonorités composites. Jusque dans ses ombres passagères, il inspire une sérénité qui n’exclut jamais une part d’étrangeté : la marque de la « différence ».

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